Entraînement & Performance
Commencer le vélo avec les bonnes bases
Tu as des données, mais tu ne sais pas quoi en faire ? Il est temps de les transformer en vraies décisions d'entraînement.
Tu suis ta fréquence cardiaque, tu connais ton FTP, tu regardes ton TSS à la fin de chaque sortie… mais au fond, est-ce que tu sais vraiment comment exploiter toutes ces données pour progresser intelligemment ?
C’est une erreur fréquente : accumuler des chiffres sans savoir les interpréter. Résultat : tu t’entraînes “au feeling”, tu fais des semaines trop dures ou pas assez, tu stagnes… alors que tu as toutes les infos nécessaires pour planifier comme un pro.
👉 Les meilleurs cyclistes ne s’entraînent pas juste plus. Ils s’entraînent mieux. Et cette différence passe souvent par une lecture intelligente des données de charge, d’intensité et de récupération.
Dans cet article, je vais t’expliquer, de manière simple et concrète :
- ce que signifient les indicateurs clés comme le TSS, la FTP ou la charge d’entraînement,
- comment les utiliser pour structurer ta semaine,
- et comment les ajuster pour progresser durablement sans te cramer.
📊 Maîtriser tes données, c’est passer du mode “je roule” au mode “je pilote ma progression”.
1. FTP : la fondation de ta planification
Quand on parle d'entraînement structuré en cyclisme, tout commence par la FTP. Que tu t'entraînes à la puissance ou à la fréquence cardiaque, connaître ta Functional Threshold Power est essentiel pour ne pas pédaler dans le vide.
Qu’est-ce que la FTP, simplement ?
La FTP (Functional Threshold Power) correspond à la puissance maximale que tu peux maintenir pendant 1 heure sans exploser.C’est une référence physiologique centrale, car elle délimite les zones d’intensité de ton entraînement :
- Zone 2 = endurance de base,
- Zone 4 = travail au seuil,
- Zone 5 = PMA (puissance maximale aérobie),etc.
En clair, la FTP te permet de calibrer avec précision chaque séance : ni trop facile, ni trop dur.
Pourquoi la FTP est indispensable pour structurer ton entraînement
Sans connaître ta FTP, tu ne peux pas :
- Définir tes zones d’entraînement réelles,
- Ajuster tes intensités sur Zwift, TrainerRoad ou Garmin,
- Estimer la charge d’une séance avec précision (notamment via le TSS),
- Suivre tes progrès dans le temps de manière fiable.
👉 La FTP, c’est la base de toute prescription d’effort personnalisée. Sans elle, tu risques de travailler au mauvais niveau, et donc de stagner malgré tes efforts.
Comment tester ta FTP (sans te compliquer la vie)
Tu as plusieurs façons de connaître ta FTP. Les plus courantes :
- Le test 20 minutes : tu donnes tout pendant 20 minutes, puis tu multiplies la moyenne en watts par 0,95 pour estimer ta FTP.
- Test sur home-trainer connecté (Zwift, Wahoo, etc.) : protocole guidé, souvent intégré dans les applications.
- Estimation terrain : si tu t’entraînes régulièrement avec un capteur de puissance, tu peux observer tes meilleures moyennes sur 20 ou 60 min pour te faire une idée.
💡 L’important, c’est la régularité : refaire un test tous les 6 à 8 semaines pour ajuster ton plan au fur et à mesure de ta progression.
Sans FTP, tu t’entraînes à l’aveugle
En résumé : la FTP est le socle de ton entraînement cycliste structuré. Elle t’aide à :
- Comprendre ce que tu fais,
- Prescrire les bonnes intensités,
- Suivre ta progression.
Si tu ne l’as jamais testée, fais-le. Car même les meilleurs plans ne servent à rien si tu les appliques avec les mauvaises intensités.
2. TSS : mesurer la charge de chaque séance
Tu veux savoir si ta séance du jour t’a vraiment fait progresser ou juste fatigué pour rien ? Alors tu dois apprendre à utiliser le TSS, ou Training Stress Score. C’est l’outil n°1 pour quantifier intelligemment la charge d’entraînementen cyclisme, comme le font les pros.
C’est quoi le TSS ?
Le TSS (Training Stress Score) est un chiffre qui reflète la charge totale d’une séance, en combinant :
- La durée de l’effort,
- L’intensité, calculée à partir de ta FTP (Functional Threshold Power).
En résumé : plus une séance est longue et intense, plus son TSS est élevé.
Comment est-il calculé ?
La formule de base du TSS est un peu technique, mais la logique est simple :
TSS = (Durée x Intensité relative² x 100) / (FTP x 3600)
Concrètement :
- Une sortie d’1h à 100 % de ta FTP (donc au seuil) = 100 TSS
- Une sortie de 2h à 70 % de ta FTP ≈ 80 TSS
- Une séance courte mais très intense (intervalles) peut aussi atteindre 100 TSS, voire plus.
👉 Grâce à ça, tu peux comparer toutes tes séances sur une même base, qu’elles soient longues, courtes, douces ou explosives.
Comment utiliser le TSS pour mieux gérer ta fatigue ?
Le TSS est ultra utile pour :
- Planifier ta charge hebdomadaire (par ex. 450 TSS pour un cycliste intermédiaire),
- Équilibrer intensité et récupération,
- Suivre ton évolution dans le temps (augmenter progressivement ton TSS hebdo = surcharge progressive bien maîtrisée),
- Identifier le surmenage (TSS élevé sur plusieurs semaines sans récupération = alerte).
💡 L’idéal : alterner des semaines à charge croissante avec une semaine de “décharge” toutes les 3 à 4 semaines pour laisser ton corps assimiler.
Ce qu’il faut retenir
Le TSS, c’est bien plus qu’un chiffre sur ton compteur. C’est un indicateur fiable et simple pour :
- Mesurer ta progression,
- Anticiper les coups de fatigue,
- Organiser ton volume hebdomadaire comme un pro.
Si tu veux arrêter de t’entraîner “au hasard”, commence par surveiller ton TSS.
3. La charge chronique vs la charge aiguë : CTL, ATL et forme (TSB)
Tu veux t’entraîner sérieusement, comme les pros ? Alors tu dois apprendre à gérer ta charge dans le temps, pas seulement à la séance. Et pour ça, il existe trois indicateurs clés utilisés par tous les entraîneurs experts : CTL, ATL et TSB.
Ces données, visibles sur des plateformes comme TrainingPeaks, Nolio ou Intervals.icu, t’aident à suivre :
- ta progression,
- ta fatigue,
- ta fraîcheur physique au jour le jour.
CTL (Chronic Training Load) : ta forme à long terme
Le CTL mesure ta charge d’entraînement moyenne sur les 6 dernières semaines.On parle souvent de “forme” à ce niveau, car c’est une bonne estimation de ta condition générale.
👉 Plus ton CTL monte progressivement, plus tu construis une base solide et durable.Mais attention : si tu montes trop vite, tu prends le risque de te blesser ou de surcompenser négativement.
⚡ ATL (Acute Training Load) : ta fatigue à court terme
Le ATL reflète ta charge sur les 7 derniers jours. C’est une mesure de fatigue récente.
Si ton ATL explose soudainement, tu peux te sentir :
- Moins performant,
- Plus irritable,
- Plus sujet aux erreurs, aux douleurs ou aux blessures.
💡 En croisant ATL et CTL, tu peux savoir si tu assimiles bien la charge ou si tu tatures.
TSB (Training Stress Balance) : ta fraîcheur du moment
Le TSB est simplement la différence entre ton CTL et ton ATL.
TSB = CTL – ATL
- Si ton TSB est négatif : tu es en surcharge, en train de construire.
- Si ton TSB est positif : tu es en période de fraîcheur, prêt pour performer.
👉 C’est un indicateur très utile pour planifier un pic de forme ou une course cible.
Visualiser ces courbes pour mieux planifier
Sur TrainingPeaks, Nolio ou Intervals.icu, tu peux suivre l’évolution de ces courbes dans le temps. Cela te permet :
- De voir si ta progression est linéaire ou en dents de scie,
- D’anticiper les moments où tu dois lever le pied,
- De préparer une période de forme optimale sans “tirer sur la corde”.
Ces outils te donnent une lecture objective de ton état de forme, au-delà des simples sensations.
L’arme anti-surentraînement
Maîtriser CTL, ATL et TSB, c’est comme avoir un tableau de bord de ton moteur physiologique.Tu sais quand appuyer… et surtout, quand relâcher avant de tout casser.
Ce sont des indicateurs incontournables si tu veux progresser avec constance, sans tomber dans le piège du surmenage.
4. Comment utiliser tes données pour construire une semaine efficace
C’est ici que tes chiffres deviennent réellement utiles. Une fois que tu connais ta FTP, ton TSS quotidien, et que tu sais suivre ton niveau de charge (CTL, ATL), tu peux enfin piloter ta semaine d’entraînement comme un pro.
Répartir les intensités en fonction de la charge visée
Chaque semaine, tu dois viser un TSS total cohérent avec ton niveau et ton objectif. Par exemple :
- Cycliste débutant ➜ 250–400 TSS/semaine
- Intermédiaire ➜ 400–600 TSS/semaine
- Avancé ➜ 600–900 TSS/semaine
Tu peux ensuite répartir cette charge en zones d’intensité ciblées :
- 70 à 80 % de la charge en Zone 2 (endurance de base),
- 10 à 20 % en travail de seuil ou PMA,
- le reste en tempo ou récupération active.
👉 Objectif : stimuler sans saturer, en visant une montée progressive de la charge semaine après semaine.
Gérer l’alternance charge / récupération
Une bonne semaine d’entraînement ne se résume pas à “mettre de la charge partout”.Tu dois aussi prévoir :
- Des journées faciles ou OFF pour assimiler,
- Des blocages ciblés (ex : 2 jours d’intensité consécutifs),
- Une semaine allégée toutes les 3 ou 4 semaines.
💡 Astuce : Surveille ton ATL pour ne pas empiler les TSS sans répit. La récupération, c’est ce qui transforme ta charge en progrès.
📅 Exemples de semaines à TSS progressif selon ton profil
Objectif | TSS cible | Répartition (exemple) |
Endurance long terme | 350 | 2 x sorties Z2 longues + 1 séance vélocité/force + 1 récup active |
Cyclosportive en vue | 500 | 1 x seuil, 2 x Z2, 1 x tempo avec sprint court |
Critérium / intensité short | 600+ | 2 x PMA, 1 x tempo, 1 long Z2 + jours OFF intégrés |
👉 Le plus important : adapter ces volumes à ta vie réelle (travail, sommeil, stress, déplacements…). Le bon plan, c’est celui que tu peux tenir sur la durée.
Tu passes du mode "je roule" à "je pilote ma charge"
Utiliser tes données pour planifier, c’est reprendre le contrôle :
- Tu sais ce que tu fais,
- Tu sais pourquoi tu le fais,
- Tu sais quand alléger ou forcer.
Résultat : tu progresses sans surcharger, tu évites les blessures et tu arrives en forme au bon moment.
5. Adapter en temps réel grâce aux retours de données
Utiliser la FTP, le TSS ou la courbe de charge, c’est bien. Mais pour que ton entraînement soit vraiment efficace, tu dois aussi savoir t’adapter en fonction de ce que te disent tes données… et ton corps.
Parce que progresser sans te cramer, ce n’est pas une affaire de chiffres seuls, c’est un équilibre entre objectivité et ressenti.
Corréler données et sensations : l’alliance du subjectif et de l’objectif
Les plateformes comme Nolio, TrainingPeaks ou Garmin te donnent des indicateurs chiffrés (TSS, fatigue, forme). Mais il est essentiel de croiser ces infos avec ton ressenti :
- Tu dors mal ?
- Tu te sens “lourd” dès l’échauffement ?
- Tu as des baisses de motivation inhabituelles ?
👉 Si tes données disent “tout va bien” mais que ton corps crie fatigue, il faut l’écouter.
💡 Conseil : note chaque jour ton ressenti subjectif (fatigue, motivation, sommeil, jambes) pour comparer avec ta charge réelle.
Quand réduire ou intensifier une semaine
La planification ne doit jamais être figée. Selon les retours de ton corps ou des imprévus (maladie, stress, météo), tu dois pouvoir :
- Alléger la charge (réduire la durée, sauter une séance, remplacer par une récupération active),
- Ou au contraire, profiter d’un pic de forme pour charger un peu plus.
L’objectif, c’est l’adaptation. Pas la rigidité.
Savoir lire les signaux faibles : ta boussole anti-surmenage
Voici quelques signes que ta charge est trop élevée (ou mal gérée) :
- TSS élevé depuis plusieurs semaines + sommeil perturbé,
- Fréquence cardiaque au repos anormalement haute (ou trop basse),
- Irritabilité, stagnation de la performance, micro-blessures.
👉 Ce sont des signaux faibles que beaucoup ignorent… jusqu’à l’arrêt forcé.Les pros les surveillent au quotidien. Toi aussi, tu peux.
Ton plan n’est pas une prison, c’est un GPS intelligent
Tu ne t’entraînes pas pour cocher des cases. Tu t’entraînes pour progresser dans la durée.
Un bon cycliste, ce n’est pas celui qui en fait le plus. C’est celui qui sait ajuster au bon moment.
Grâce à tes données + ton écoute corporelle, tu transformes ton plan rigide en boussole évolutive. Et c’est exactement ce qui te permet de progresser de façon durable et intelligente.
Conclusion : Maîtriser tes données, c’est t’entraîner comme un pro
Tu n’as pas besoin d’un capteur dernier cri ou de 20 heures par semaine pour t’entraîner comme un pro.Tu as juste besoin de comprendre tes données — et de les utiliser pour ajuster intelligemment ta charge, ton intensité et ta récupération.
👉 Les cyclistes professionnels ne laissent rien au hasard :
- Ils connaissent leur FTP pour calibrer leurs zones,
- Ils suivent leur TSS pour maîtriser la charge,
- Ils lisent leur courbe de forme (CTL/ATL/TSB) pour programmer leurs pics de performance.
Et tu peux faire exactement la même chose, à ton échelle.Même si tu as 3 séances par semaine, même si tu t'entraînes en amateur : tes données sont un levier puissant pour progresser plus vite, plus longtemps, et sans t'épuiser.
Car quand tu maîtrises ta charge, tu ne t’entraînes plus au hasard :tu transformes chaque effort en progression réelle.