Entraînement & Performance
Commencer le vélo avec les bonnes bases
Tu suis un plan d’entraînement “type”, mais tu stagnes ? Ce n’est peut-être pas ton manque de motivation… mais le plan qui n’est pas fait pour toi.
Quand tu veux progresser à vélo, c’est tentant de chercher un plan d’entraînement “tout prêt” sur internet ou de copier celui d’un copain qui roule bien. Tu te dis : s’il fonctionne pour lui, pourquoi pas pour moi ?Mais très vite, tu te rends compte que tu ne progresses pas vraiment, ou pire, que tu accumules fatigue, frustration, voire blessure.
👉 Et si le problème ne venait pas de toi, mais de ce plan qui ne te correspond pas ?
Copier un plan sans adaptation est l’une des erreurs les plus courantes chez les cyclistes amateurs ou compétiteurs. Pourquoi ? Parce qu’un bon entraînement, ce n’est pas juste une série de séances copiées-collées. C’est un processus structuré, personnalisé et intelligent, qui prend en compte :
- ton niveau réel de forme,
- ton temps disponible,
- ta capacité de récupération,
- et surtout, tes objectifs spécifiques.
Dans cet article, je vais t’expliquer pourquoi copier un plan d’entraînement ne fonctionne (presque) jamais, quels sont les risques à éviter, et surtout comment construire un plan réellement efficace, adapté à ton profil de cycliste.Parce que s’entraîner plus, c’est bien. Mais s’entraîner mieux, c’est ce qui fait vraiment la différence.
1. Ce que fait (vraiment) un bon plan d’entraînement
Tu veux progresser à vélo ? Ce n’est pas en recopiant un tableau de séances trouvé sur un forum ou en reproduisant la semaine d’un coureur pro que tu vas y arriver. Un vrai plan d’entraînement efficace, ce n’est pas une recette magique universelle. C’est un système structuré, bâti autour de toi, de ta physiologie, de ton objectif et de ton mode de vie.
Structuration, charge progressive, récupération : les 3 piliers
Un plan d’entraînement cycliste efficace repose sur trois fondations essentielles :
- Une structure logique (séances clés, enchaînement cohérent, semaines de récupération),
- Une progression maîtrisée de la charge (volume, intensité, densité),
- Des phases de récupération prévues et respectées pour éviter la surcompensation négative.
👉 Copier un plan tout fait, c’est ignorer totalement ces piliers, car il ne tient aucun compte de ta forme, de ta fatigue ni de ton historique d'entraînement.
Adapter les intensités aux zones individuelles
Un bon plan utilise tes propres zones d’intensité : que ce soit basées sur ta puissance (FTP, seuils) ou ta fréquence cardiaque.Ce qui est facile pour l’un peut être un surmenage pour l’autre. Et inversement, une séance “zone 2” copiée sans adaptation peut ne pas stimuler ton endurance du tout.
Le corps répond à des stimuli précis. Si l’intensité n’est pas la bonne, tu t’épuises sans progresser.
Construire autour d’un objectif clair (et réaliste)
Un plan d’entraînement sérieux commence toujours par une question :Pourquoi tu t’entraînes ?Préparer une cyclosportive ? Être plus fort en montagne ? Briller sur un critérium ? Tenir 5 heures en endurance sans craquer ?
Un plan efficace part d’un objectif clair, mesurable et réaliste, et structure la préparation en blocs progressifs pour t’y amener. Un plan générique ne peut ni cibler un objectif précis, ni s’adapter à ton calendrier personnel.
2. Ce que tu risques en copiant un plan “préfabriqué”
Copier un plan d’entraînement trouvé sur internet ou calqué sur un autre coureur, c’est souvent séduisant. C’est rapide, rassurant, pratique. Mais derrière cette facilité apparente se cachent des risques concrets qui peuvent freiner ta progression, t’épuiser ou même te démotiver.
Surcharge ou sous-charge : tu te fatigues… ou tu régresses
Un plan qui ne tient pas compte de ton niveau actuel, de ta récupération ou de ton emploi du temps peut te faire tomber dans deux pièges opposés :
- La surcharge : tu accumules de la fatigue, tu ne récupères pas, tu plafonnes… voire tu te blesses.
- La sous-charge : le volume ou l’intensité est trop faible, et tu restes dans ta zone de confort, sans aucun stimulus utile.
👉 Sans calibrage précis, tu risques de travailler à côté de la plaque, semaine après semaine.
Absence de logique : tu “suis” sans comprendre
Un plan copié est souvent déconnecté de ta réalité :
- Tu ne sais pas pourquoi telle séance est placée à tel moment,
- Tu enchaînes les blocs sans logique de progression,
- Tu appliques sans comprendre, donc tu ne sais pas adapter en cas d’imprévu.
Et quand tu ne comprends pas ton plan, tu ne maîtrises rien. Tu subis ton entraînement au lieu d’en être acteur.
Démotivation : tu ne vois pas de progrès, tu perds confiance
Quand tu suis un plan “préfabriqué” qui n’est pas adapté :
- Tu stagnes malgré tes efforts,
- Tu te compares aux autres sans comprendre pourquoi ça ne marche pas pour toi,
- Tu doutes de ta capacité à progresser.
👉 Résultat : la motivation chute. Et ce qui devait te faire progresser devient une source de frustration et de lassitude.
3. Pourquoi ton profil change tout (et doit guider ton plan)
Si tu veux progresser, ton plan d’entraînement doit te ressembler. C’est une évidence que beaucoup oublient. Et pourtant, c’est le cœur du problème : copier le plan d’un autre, c’est oublier que ton corps, ton contexte et tes objectifs sont uniques.
Ton niveau, ton âge, ton passé sportif
Un cycliste de 20 ans avec 5 ans de compétition dans les jambes n’a pas les mêmes besoins qu’un amateur de 45 ans qui reprend sérieusement le sport.Ton niveau de base (FTP, endurance, tolérance à la charge) et ta capacité d’adaptation à l’entraînement varient énormément selon ton âge, ton historique et ta régularité passée.
👉 Copier un plan sans prendre en compte ces différences, c’est risquer la blessure, la stagnation ou la surcompensation négative.
Ton temps dispo, ta récupération, ton emploi du temps
Tu travailles 35 ou 50 heures par semaine ? Tu as 3 enfants ou tu vis seul ? Tu dors 6h ou 8h par nuit ?Tout ça influe directement sur ta capacité à encaisser les charges, à récupérer, à t'entraîner avec efficacité.
Le meilleur plan du monde devient inutile si tu ne peux pas le suivre correctement, ou s’il te laisse constamment à bout de souffle.
💡 Un plan intelligent s’adapte à ta réalité logistique. Il maximise ce que tu peux faire — sans t’en demander trop.
Ton type de course ou objectif (cyclosportive, critérium, santé, performance…)
Préparer une cyclosportive de 150 km ou un critérium explosif de 50 minutes n’a rien à voir.De même, vouloir rester en forme toute l’année ou atteindre un pic de performance pour une course ciblée impose des logiques totalement différentes :
- Volume vs intensité,
- Pics vs continuité,
- Charge progressive vs récupération anticipée.
👉 Un plan doit être bâti à partir de ton objectif principal, sinon tu t’entraînes sans direction claire.
4. Exemple concret : deux cyclistes, deux plans très différents
Pour comprendre pourquoi copier un plan d’entraînement ne fonctionne presque jamais, rien de mieux qu’un exemple concret. Voici deux profils typiques de cyclistes… avec des objectifs similaires (progresser et performer), mais des contraintes radicalement différentes. Résultat : deux plans qui n’ont rien à voir.
Profil A : coureur compétiteur de niveau national
- Objectif : podiums sur courses fédérales / critériums
- Temps disponible : 12 à 15 heures / semaine
- Historique : entraînement structuré depuis 5 ans
- Plan type :
- 2 séances d’intensité ciblée (PMAs, I5, sprints),
- 1 sortie longue en endurance avec blocs spécifiques,
- 2 sorties tempo ou seuil,
- 1 sortie de récupération active,
- 1 jour de repos complet.
Logique du plan : optimiser la condition physique, viser les pics de forme, encaisser des charges élevées. Le corps est déjà habitué à ce rythme.
👉 Objectif = performance maximale avec affûtage pour les courses clés.
Profil B : amateur motivé avec vie pro/familiale chargée
- Objectif : terminer une cyclosportive de 150 km dans de bonnes conditions
- Temps disponible : 3 séances de 1h30 / semaine
- Historique : reprise sérieuse depuis 6 mois
- Plan type :
- 1 séance de seuil (I3/I4) structurée avec échauffement + blocs,
- 1 séance de vélocité ou force/endurance,
- 1 sortie plus longue (2h le week-end) à intensité faible à modérée (zone 2).
- Focus récupération + gainage en dehors du vélo.
Logique du plan : rentabiliser chaque minute sans créer de fatigue chronique, construire une base solide, progresser sans surmenage.
👉 Objectif = régularité et progression durable.
Même but, deux chemins totalement différents
Ces deux cyclistes veulent progresser. Mais s’ils suivaient le même plan :
- Le compétiteur n’en ferait pas assez,
- L’amateur exploserait physiquement ou décrocherait mentalement.
C’est la preuve qu’un plan d’entraînement doit être construit sur mesure, en tenant compte du contexte, du niveau et du vécu. Pas juste copié d’un autre cycliste “qui roule fort”.
5. Comment construire (ou choisir) un plan qui fonctionne vraiment
Tu l’as compris : copier un plan ne marche pas. Mais alors, comment créer un plan d’entraînement vraiment adapté à ton profil, à ton temps disponible et à tes objectifs ? Pas besoin d’être un expert en physiologie pour y parvenir. Voici une checklist simple et efficace pour poser les bonnes bases.
1. Définir ton objectif principal (et les sous-objectifs)
Avant même de parler de séances, commence par te poser la bonne question :
Pourquoi je m’entraîne ?
- Préparer une cyclosportive ?
- Passer un cap de niveau ?
- Tenir sur 5h d’endurance sans craquer ?
- Gagner sur un critérium local ?
💡 Ensuite, décline cet objectif principal en paliers intermédiaires (sous-objectifs) pour garder le cap et te motiver semaine après semaine.
2. Évaluer ton niveau de forme (FTP, fréquence cardiaque, tests terrain)
Un bon plan part toujours de ce que tu es capable de faire aujourd’hui.Fais un point sur :
- Ta FTP (puissance au seuil fonctionnel),
- Tes zones de fréquence cardiaque,
- Ton ressenti à l’effort sur différentes intensités.
👉 Ces données permettent de calibrer tes zones d’entraînement. Sans ça, tu risques de travailler à côté de la bonne intensité.
3. Organiser ta semaine type (temps dispo, récupération)
Note noir sur blanc :
- Combien de séances par semaine tu peux VRAIMENT faire,
- Leur durée possible,
- Les jours où tu es le plus reposé… et ceux à éviter.
💡 Même avec 3 séances/semaine, tu peux progresser si ton plan est bien structuré. L’idée n’est pas de faire plus, maisde mieux utiliser ce que tu as.
4. Répartir les intensités + intégrer la récupération
Une fois ton emploi du temps posé :
- Planifie 1 séance d’intensité (seuil, PMA, sprint),
- Ajoute 1 ou 2 séances d’endurance ou tempo selon le volume possible,
- Insère volontairement du repos actif (ou complet).
👉 L’erreur classique : faire toujours “moyennement dur”. Tu dois alterner efforts ciblés et vraies récupérations, comme les pros.
5. Ajuster toutes les 3 à 4 semaines
Ton plan n’est pas figé. Toutes les 3 ou 4 semaines :
- Réévalue ton niveau (ressenti, tests, FTP),
- Observe ton état de fatigue,
- Ajuste le volume, les intensités, ou le contenu selon ta progression.
Un plan figé est un plan qui meurt. Un bon plan vit avec toi.
Conclusion : Un plan copié, c’est une illusion de progrès
Quand on veut progresser à vélo, copier un plan d’entraînement “type” peut sembler être une solution rapide et rassurante. Mais dans 90 % des cas, cette méthode t’éloigne plus qu’elle ne te rapproche de tes objectifs.
Un plan générique ne connaît ni ton niveau, ni ton rythme de vie, ni ta capacité de récupération, ni ton objectif personnel. Résultat ? Tu t’épuises, tu stagnes, ou tu t’entraînes à côté de la plaque.
👉 Ce qu’il te faut, ce n’est pas plus de volume, ni plus d’intensité au hasard.Ce qu’il te faut, c’est un plan construit autour de toi :
- de tes contraintes,
- de ta forme actuelle,
- de tes ambitions,
- et de ce qui est vraiment possible, de façon durable.
💡 En personnalisant ton entraînement, tu passes d’un programme subi à une stratégie choisie. Et c’est là que la progression devient vraiment visible et motivante.